Il jeta un regard tout autour de lui, mais la pièce était déserte. Il s'empara de l'enveloppe et la déchira. Il s'apprêtait à en lire le contenu mais il interrompit son geste et fixa l'écriture sur l'enveloppe. Elle lui semblait à la fois inconnue et familière. Il fouilla frénétiquement dans ses poches et en sortit la lettre qu'il avait reçue le jour de son anniversaire et qu'il gardait toujours sur lui. Il la posa à côté de l'enveloppe. Les deux écritures étaient exactement les mêmes.
Il déplia la nouvelle lettre d'une main tremblante. Mais cette fois, l'écriture sur le parchemin était différente, étrangement familière.
Cher Harry,
Je suppose que tu viens de découvrir cette magnifique salle, et que tu te demandes comment tu as fait pour ne pas la voir avant. La raison en est toute simple: la seule personne jusque là qui en connaissait l'existence était moi. C'est moi qui ait crée cette pièce, qui ait protégé et caché son accès. Cette pièce s'appelle la pièce du Phénix. J'ai pris certaines dispositions désormais, et elle est à toi, toi seul en connais l'accès.
Tu peux partager, ou garder ce secret pour toi tout seul. Te connaissant comme je te connais, je suppose que tu en parleras à tes amis Ron et Hermione.
C'est ici que je suis venu à chaque fois que j'ai eu besoin de me cacher où d'être au calme. Quand j'avais quitté Poudlard au cours de ta seconde année, quand j'ai cherché à échapper au Ministère et à Ombrage, et même quand j'avais besoin de calme pour la recherche des horcruxes.
Cette pièce agit un peu comme une salle sur demande: il te suffira de penser très fort à elle où que tu sois dans le château et elle apparaîtra devant toi. Elle est totalement incartable, et je pense qu'elle te servira beaucoup dans ta quête des horcruxes. Une seule personne à part toi et moi en connais l'existence: il s'agit de mon frère Abelforth.
Cette pièce renferme plein de secrets: notamment une carte très intéressante du château et des alentours, bien plus complète que celle de Messieurs Lunard, Patmol et Cornedrue. Elle fonctionne d'ailleurs sur le même modèle que la leur.
Mais je te laisse découvrir les autres fonctionnalités de cette merveilleuse pièce de toi même...
Albus Dumbledore
Il reposa la lettre devant lui et parcourut la pièce du regard. Ainsi, cet endroit lui était destiné. Il s'approcha d'une imposante armoire non loin du bureau et l'ouvrit. Sur une des étagères était posée la fameuse carte. Tout comme celle des maraudeurs, elle représentait Poudlard et était couverte de petits points bougeant dans toutes les directions et associés à un nom. Il remarqua que le plan englobait non seulement Poudlard mais aussi Pré au Lard et la forêt interdite. Il vit également qu'à l'intérieur de Poudlard, la salle sur demande était représenté. Cela expliquait donc comment Dumbledore savait ce que manigançait Drago Malfoy l'an dernier.
Il rechercha les noms de Ron et d'Hermione sur la carte, mais alors qu'il se concentrait sur eux, il vit deux points grossir sur le plan. Ron et Hermione se trouvaient dans la salle commune des Gryffondors, en compagnie de Ginny et de Neville. Il pensa tout d'abord à retourner vers eux pour leur parler de RAB, de cette salle et de ce que lui avait dit McGonagall sur les nouveaux professeurs. Mais avant cela, il voulait lire la lettre que lui avait laissé Dumbledore. Il voulait la lire seul, sans personne autour.
Il décacheta l'enveloppe et déplia le morceau de parchemin jauni. La fine écriture si familière qui s'étalait devant ses yeux lui fit monter des larmes aux yeux.
Cher Harry
Le jour où tu liras cette lettre, cela voudra dire que je ne suis plus de ce monde. Tu te sentiras certainement très triste, sûrement révolté mais la vie est ainsi faite, certaines personnes doivent vivre et d'autres doivent mourir.
Ne soit pas trop déçu, ne crois pas que je t'ai abandonné. Je n'étais plus qu'un vieil homme et le temps était venu pour moi de passer à autre chose. Je n'ai jamais eu peur de la mort: seuls ceux qui n'ont pas eu le temps de vivre leur vie pleinement ont peur de la mort. La mienne a été longue, elle a été mouvementée mais je l'ai vécue sans me poser de questions, en sachant qu'un jour viendrait où je laisserait derrière moi ce monde pour en découvrir un autre.
J'aurais souhaité d'enseigner plus de choses, pas uniquement en matière de magie, mais sur ce que fut ma vie, pourquoi je n'ai jamais choisi le camp du mal et pourquoi je le combattais si férocement. Moi aussi j'ai eu une famille, il y a très longtemps. J'étais très jeune à l'époque, et je ne voyais pas du tout ma vie telle qu'elle est devenue. Moi aussi, j'ai été à Poudlard, moi aussi j'ai découvert avant toi tous ces passages secrets et tous ces enchantements. On me disait que j'étais doué dans toutes les matières, je n'y prêtais guère attention. Pour moi, les moments que je passais à m'amuser au château étaient bien plus importants que ce que je pouvais y apprendre.
Et puis moi aussi j'ai quitté Poudlard, la tête remplie d'ambitions pour l'avenir. C'est à ce moment là que j'ai rencontré ma femme. Tu t'es sûrement demandé pourquoi je défendais si ardemment les moldus: tout simplement parce que j'en avais épousé une.
Je te raconte cette histoire que très peu connaissent pour t'expliquer une chose toute simple. A l'époque, un mage noir sévissait, tout comme Voldemort maintenant. Il s'appelait Grindelwald, et il a tué ma femme. Et comme tu le fais pour Voldemort, je n'ai eu de cesse de le poursuivre jusqu'à sa mort. Tout cela pour te dire que je connais bien cette sensation de perte qui te hante, je l'ai vécue avant toi et ne crois pas que cela te rende plus fragile aux yeux de tes ennemis: c'est cette sensation là qui fait ta force.
Après avoir vaincu le mage, je me suis tourné vers l'enseignement, et n'ayant plus de famille, j'ai considéré tous les enfants de Poudlard comme les miens.
Et puis un jour j'ai rencontré tes parents. Ils étaient incroyablement doués, ta mère était la meilleure dans tout et ton père était d'une incroyable loyauté. Ils ont tout de suite attiré mon attention. Je n'ai pas été déçu lorsque je les ai retrouvés quelques années plus tard, avec la création de l'Ordre du Phénix. Je sais que des tas de personnes te l'ont déjà dit, mais tes parents étaient des personnes de valeur, comme on n'en trouve plus beaucoup.
J'ai assisté à ton baptême, je les ai vus te regarder grandir pendant cette unique année où ils t'ont connu et je peux te dire que si le bonheur pour eux a un jour existé, c'est lorsqu'ils ont pu te prendre dans leurs bras.
J'ai vécu leur mort comme un déchirement, et cela a été pire encore de devoir te laisser aux moldus. Mais je me doutais que tu étais un garçon extraordinaire, et je ne me suis pas trompé puisque le jour où tu es arrivé à Poudlard, tu avais souffert mais tu gardais en toi toute ta force d'aimer. Comme je te l'ai déjà dit, je n'avais jamais imaginé être un jour responsable de quelqu'un comme toi. J'ai osé un jour imaginer que si j'avais eu un fils, il t'aurait ressemblé.
Je t'ai vu m'écouter te décrire la tâche qui t'attendait, et j'ai de nouveau été fier de ne pas lire dans tes yeux la peur mais la détermination. Et c'est à ce moment là que j'ai compris que tu n'aurais plus besoin de moi pour accomplir cela.
Je t'ai expliqué ce que tu devais faire, maintenant c'est à toi d'accomplir ce chemin sans mon aide. Je t'ai légué quelques objets dont je me doute qu'ils te seront utiles pour mener à bien tes projets.
Tu dois te demander où est passé Fumseck: sache qu'il est près de toi et qu'il veille sur toi. C'est sa dernière mission, ensuite il s'éteindra comme tous les phénix qui perdent leur maître.
Je te souhaite plein de courage pour tout le chemin que tu as a parcourir. N'oublie pas qu'une aide est toujours apportée à Poudlard à ceux qui la réclament.
Je te souhaite une longue vie.
Albus Dumbledore
Quand il eut fini de lire cette lettre, Harry s'aperçut que des larmes avaient roulés sur la feuille et qu'à certains endroits, l'encre avait coulé. Il se sentait à la fois très triste à la lecture de cette lettre, et à la fois très heureux de savoir enfin quelle avait été la vie de Dumbledore. Il se sentait encore plus proche de son ancien mentor à présent: lui aussi avait vécu ce qu'il était en train de vivre et il avait triomphé. Cela lui remonta un peu le moral, même s'il savait que Dumbledore avait été un bien meilleur sorcier que lui et que le mage Grindelwald n'avait pas été aussi puissant que Voldemort.
Il finit par sortir de la salle, non sans avoir jeté un coup d'oeil à la carte pour vérifier que personne ne se trouvait devant la porte. Il avait prit soin de laisser les lettres de Dumbledore dans le bureau, où elles seraient à l'abri des regards indiscrets.
Il se faufila dans l'escalier, et rejoignit les autres dans la salle commune. Ses amis poussèrent des soupirs de soulagement en le voyant arriver.
-Eh bien! S'exclama Ron. On commençait à se demander où tu étais passé. Elle t'a gardé si longtemps dans son bureau?
-J'ai plein de choses à vous raconter, expliqua Harry à Ron et Hermione. Venez avec moi.
Ils sortirent tous de la salle commune et suivirent Harry, qui consultait la carte du château. Il s'arrêta devant un couloir désert, et se concentra sur la salle. La porte apparut devant eux.
-Whaou! S'exclama Ron. C'est une nouvelle salle sur demande?
Hermione elle observait le phénix gravé sur la porte et regardait Harry d'un air interrogatif.
Celui-ci les fit entrer et leur expliqua en quelques mots ce qu'il avait appris sur cette salle. Il leur fit lire la lettre où Dumbledore expliquait l'existence de la salle, et leur montra les objets qu'il lui avait laissés. Hermione semblait enthousiasmée par tous les livres qui se trouvaient sur les étagères dans la salle.
-Avec tout ça, on va sûrement arriver à retrouver l'identité de RAB, fit elle.
-J'ai trouvé qui était RAB, répondit Harry.
Les deux autres le fixèrent avec des yeux ronds.
-Quoi! S'exclama Hermione. Mais quand...
-J'ai demandé aux portraits des anciens directeurs de Poudlard quand j'étais dans le bureau de McGonagall s'ils connaissaient une personne avec des initiales qui correspondaient.
-Et alors, qui c'était? Demanda Ron.
-Le frère de Sirius, Régulus Alphard Black.
Ron et Hermione restèrent silencieux un instant puis Hermione explosa.
-Mais comment j'ai pu être aussi bête pour ne pas faire le rapprochement. Bien sûr, en plus Sirius nous en avait parlé, toutes les dates correspondaient, et je n'ai même pas été capable de faire le rapprochement.
-Ce n'est pas ta faute, répondit Harry. On est tous passés devant la tapisserie quand on était au Square Grimmaurd, et aucun d'entre nous ne l'a remarqué.
-Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas, dit Ron d'un air perplexe. Mme Londubat nous a bien dit que RAB était venu la trouver pour lui dire de détruire les horcruxes. Mais comment se fait-il que Régulus ne se soit pas adressé à Sirius lui même pour faire passer le message. C'était son frère tout de même!
-Sirius avait quitté la maison de ses parents à l'âge de quinze ans, et il n'avait plus aucun contact avec sa famille, supposa Harry. Et comme il était un opposant déclaré à Voldemort, il devait se cacher, contrairement aux Londubats qui étaient des aurors du ministère.
-Je me demande comment Régulus a fait pour découvrir le secret de Voldemort, fit Ron. Je suppose que celui-ci ne devait pas laisser traîner des informations telles que celles-ci à la portée de tout le monde.
-Peut être que Voldemort lui a confié pour mission d'aller récupérer un des horcruxes pour le mettre en sécurité. Ou alors peut être qu'il a assisté à la création d'un horcruxe. C'est une forme de magie qui a le don d'épouvanter même les pires sorciers, alors cela expliquerait qu'il ait décidé de changer de camps.
-Dans tous les cas, la réponse se trouve au Square Grimmaurd, fit Hermione sagement. Je pense que c'est là-bas qu'il a pu cacher le médaillon, étant donné qu'il savait que ses jours étaient comptés et que Voldemort le poursuivait.
Ron poussa une exclamation soudaine et se frappa la tête de la main.
-Vous vous rappelez? Le médaillon! Mais bien sûr, c'est sûrement ça!
Comme Harry et Hermione ne réagissaient pas, il insista.
-Vous ne vous rappelez pas? Quand nous avions nettoyé la maison de Sirius il y a deux ans, on avait retrouvé pleins d'objets bizarres. Parmi eux, il y avait un médaillon qui ne voulait pas s'ouvrir. Je m'en souviens: ce qui m'avait frappé, c'était le serpent gravé dessus. Je m'étais dit que cet objet devait appartenir à un Serpentard.
-Et qu'est ce qu'il est devenu? demanda Harry, qui commençait à comprendre. Où l'avez vous mis?
L'expression horrifiée de son ami lui fit craindre le pire.
-Sirius l'a jeté, répondit Ron en baissant la tête.
