Harry Potter Tome 7 Le Forum !
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 "Sans titre"

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Fifi
Elève de Seconde Année
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MessageSujet: "Sans titre"   "Sans titre" EmptyLun 17 Déc - 7:19

J'hésite encore sur le choix d'un titre. Lisez ma petite histoire et suggérez moi un titre !

" ? "


J’ai une mauvaise habitude que je n’arrive pas à surpasser, c’est d’avoir peur de la foudre. Je n’ai pas peur de la foudre qui déchire le ciel et qui amène en même temps des pluies diluviennes, mais seulement de la foudre avec des grondements dont les échos se succèdent à travers les vallées, se propageant depuis un horizon rougeâtre à la fin d’une journée de chaleur étouffante annonçant l’arrivée de l’été.

Je n’ai jamais trouvé l’origine de cet état d’âme, mais chaque année dans les premiers jours de l’été, cette image d’un horizon rougeâtre et orageux me rappelle une anecdote, ou plutôt un souvenir mettant fin à ma jeune enfance dans mon village natal. Une anecdote insignifiante mais qui a transformé ma vie de l’état d’un enfant pas encore adolescent à l’état trop précoce d’un adulte, comme un jeune fruit qui a quitté sa branche avec encore sa robe velouteuse et poudreuse pour mûrir dans un sac de riz ou de balle sans que son jus acide puisse à jamais se transformer en sucre.

***


A l’époque, je n’étais encore qu’un écolier dans les dernières années d’une école primaire du village. Mon village se trouvait sur la berge de la rivière Binh-Luc, une branche de la rivière des Parfums. Mais en réalité la rivière de mon village était séparée de la rivière des Parfums par une digue de pierre solidement maçonnée. Chaque année, quand la saison des pluies arrivait, c’était une occasion pour beaucoup d’amusements et de joie mélangée de peur pour nous tous, les enfants du village. Jour et nuit nous écoutions la rivière qui grondait comme des chutes d’eau. La rivière était devenue immense comme une mer, et le village était comme rétréci en un tout petit quartier. Des pluies incessantes tombaient jour et nuit, mais nous, les enfants du village, en groupes de trois ou quatre jouions en pataugeant dans l’eau. Ou bien nous suivions nos parents pour ramasser du bois de chauffage que les eaux ramenaient depuis des montagnes bien loin en amont, ou bien nous passions des heures et des heures à regarder les barques transportant des passants, de façon bien précaire sur les vagues de la rivière en crue. Pourtant, à notre jeune âge, il nous arrivait parfois de ne pas pouvoir dormir la nuit, avec le grondement de la rivière et l’image des barques qui sombraient dans les flots et des noyades…

De toute façon, quand nous entendions dire que la digue allait être inondée, nous étions tous secrètement transportés de joie, car il y aurait sûrement des journées spéciales sans école.
Un jour, la crue était très importante, car aucune barque n’osait traverser la rivière. L’eau montait jusqu’à nos genoux dans notre village. Bien sûr, pour nous autres, enfants dans le village, c’était comme une journée de foire avec beaucoup d’amusements. A l’exception des personnes très âgées et des très jeunes enfants qui ne pouvaient pas encore patauger dans l’eau, tout le monde était dehors, soit pour des jeux dans l’eau comme nous, soit pour ramasser du bois de chauffage comme des adultes.

Complètement nu, j’étais entrain de jouer dans l’eau, d’éclabousser l’eau, faisant semblant de conduire une voiture. Derrière moi étaient trois ou quatre autres garçons, de mon âge et aussi de mon école. Nous nous tenions par la taille les uns derrière les autres et nous courions ainsi à travers le quartier comme un convoi. A ce moment là, l’amusement du jeu était tel que nous oublions qu’il y avait dans le village des filles de notre âge aussi, et que pendant les jours ordinaires, quand nous les rencontrions, soit nous les garçons, ou elles, les filles, nous nous comportions parfois déjà avec réserve et timidité.

Arrivant au coin de la rue du village, nous ralentîmes, en « criant » fort le klaxon comme une voiture avant de s’engager dans un virage dangereux. Soudain, j’entendis quelqu’un crier mon nom, en même temps il me toucha sur le côté :
– Lâm ! Laisse moi me joindre à vous !
Je me retournai, sans aucun étonnement :
– Ah Tuân ! Monte vite ou le convoi va démarrer.
Ainsi notre convoi avait un nouveau petit client. Mais, comme il était petit – il avait trois ans de moins que moi – j’aurais dû le laisser nous joindre à la fin du convoi, ici je le laissais prendre place directement derrière moi. Il devait faire un effort pour arriver à entourer ma taille avec ses bras, et celui derrière lui devait se courber pour entourer la sienne.

Depuis ce moment là, notre convoi ne roulait plus convenablement, soit à cause de l’inégalité de la hauteur de nos tailles, ou à cause d’une autre raison obscure que je ne connaissais pas. La seule chose dont j’étais conscient, était que Tuân portait un short bleu avec des bretelles, alors que nous tous, y compris moi à la tête du convoi, étions nus comme des vers.

Arrivant au marché, je décidai de rompre le jeu sans donner de raison, et courus droit à la maison. Tuân qui venait de nous joindre seulement un instant, était très déçu. Il m’appela, mais je continuai à courir, sans dire mot. Après avoir enfilé en vitesse un caleçon, je retournai au marché où les autres étaient encore là, entrain de se demander pourquoi notre convoi ne fonctionnait plus.

Je pris la main de Tuân et l’amenai loin des autres. Quand nous fûmes hors de portée de voix, je lui demandai :
– Comment oses-tu venir tout seul ?
– J’aime patauger dans l’eau, mais mes parents ne me l’autorisent pas, alors je me suis glissé dehors, me répondit Tuân en sautillant joyeusement sur ses pieds.
– Et si tes parents découvraient ?

Il n’entendit pas ma question, mais montra d’un doigt une petite boîte en bois flottant sur l’eau à quelques mètres devant nous. Je me précipitai pour le ramasser. C’était une boîte à cigares vide. Tuân en était ravi, mais tout de suite je pensai à l’utilité de la boîte, me souvenant de celles de certains de mes amis riches, dans lesquelles il y avaient des compartiments et sur lesquelles il y avait les mots « Le Plumier » joliment écrits.

Je retournai vers Tuân :
– Cette boîte est complètement mouillée et imbibée d’eau, je vais la sécher et je te l’apporterai dans quelques jours. Et puis, si tu l’amènes maintenant à la maison, tes parents vont savoir que tu as été dehors à patauger dans l’eau.

Sur ce, quelqu’un me lança une pierre dans le dos qui me fit très mal. Je me retournai pour essayer de localiser le coupable quand une rafale de rires et de moqueries éclata depuis derrière le petit temple du marché :
– Hé ! Hé ! Lâm le lèche-botte !

Très étonné, je ne compris pas pourquoi ils m’appelèrent « lèche-botte ». Et de qui étais-je censé de lécher les bottes ? Je regardai autour de moi, il n’y avait personne d’autre que Tuân et moi. Ils ne pouvaient pas avoir deviné mes idées concernant la boîte à cigares. Et même si c’était pour cela, ce n’était pas suffisant pour m’appeler « lèche-botte ». Je réfléchis un petit moment. Peut être il s’agissait bien de Tuân, parce que son père était un maître dans une école en ville. De toute façon, je sentis que ma « dignité » avait été atteinte, et mon « amour propre » bouillonnant de rage était sur le point d’exploser. Je devrais leur montrer que j’étais un héros surtout en présence de « quelqu’un » comme Tuân. Même si jusqu’ici, je n’avais jamais encore gagné un combat contre n’importe quel garçon de mon âge. Et en ce moment, ils étaient quatre contre moi. Tuân semblait avoir peur, il me tira par la main voulant m’entraîner ailleurs. Mais la réaction de Tuân au contraire m’incita à rester. Je me retournai vers les autres, une main sur la hanche, criant :
– m**** !

Aussitôt ils se précipitèrent tous vers moi de façon très menaçante. Mais heureusement, à ce moment là, la voix de quelqu’un criant depuis un petit kiosque de thé, que je reconnus comme la voix de M. Tinh, un membre du peloton de la milice du village :
– Hé ! Les garçons là-bas ! Vous voulez vous battre ? Je vais vous enchaîner tous et vous enfermer en haut dans le poste de garde !

Me sentant rassuré, je considérai comme ayant gagné la bataille.

Le lendemain, les eaux s’étaient beaucoup retirées. Les barques pleines de passants commencèrent à faire la navette entre les deux rives de la rivière. Les élèves des écoles en ville reprirent leur chemin. Mais mon école, se trouvant dans un quartier assez bas du village ainsi que certaines autres portions de rues dans le quartier étaient encore envahies pas les eaux, j’avais encore quelques jours supplémentaires. Cependant, ce matin là, je me levai tôt comme d’habitude. Je me rendis à la rue longeant la berge de la rivière avec d’autres personnes qui allaient voir et évaluer les dégâts causés par la crue. Mon intention était de rencontrer Tuân, parce que je savais qu’il devrait aller à l’école avec sa sœur. J’avais la boîte à cigares dans ma main. Dans la boîte j’avais glissé un petit mot disant que je lui « offrais » la boîte. Maintenant, en y repensant, je trouve que c’était vraiment ridicule de ma part. Mais quand je posai ma plume pour écrire ces mots, je pensais que je faisais quelque chose de vraiment « sublime ». Tuân n’était qu’un élève du cours préparatoire, et mon écriture en ce moment là n’était peut être même pas assez claire pour qu’il puisse lire ! Sachant bien ainsi, mais je voulais surtout que Tuân gardât quelque chose de moi, ou ayant un rapport avec moi. Je ne savais pas pour quelle raison.

Après avoir attendu un moment, je commençai à me désespérer, et pensai à rentrer à la maison, mais un vague espoir m’incita à longer la rivière vers la maison de Tuân. Arrivant près de l’atelier du forgeron, je vis de loin la silhouette d’une petite fille de mon âge portant un longue imperméable. Je pensai que c’était Liên-Hy, la sœur de Tuân. Mais bizarrement Tuân n’était pas avec elle. Je me précipitai pour me cacher derrière le coin de l’atelier, attendant que Liên-Hy passât. Puis je sortis de ma cachette et la suivis silencieusement, avec la boîte à cigares dans ma main, sans savoir ce que j’étais entrain de faire.

Après un moment, elle se retourna, non intentionnellement, et rencontra mon regard fixé sur elle. Son expression était complètement indifférente, jusqu’au point où je me demandai si elle m’avait reconnu. Cependant, je sentis une émotion difficile à décrire, mélangée à la fois de la joie, une petite pointe de reproche, et un peu de honte en pensant aux mots « lèche-botte » dont les garçons m ‘avaient qualifié le jour précédent.

J’étais encore dans mes pensées, quand un klaxon de bicyclette me fit sursauter. En me retournant, je vis M. Minh, le père de Liên-Hy et de Tuân. M. Minh était un maître d’école gentil et jovial de nature. Il m’aimait beaucoup, comme je n’étais pas un garçon turbulent, et non plus un garçon insolent. Souvent il passait voir mes parents chez nous, en tant que notable du village, pour parler de mes études. Sachant bien ainsi, mais pris au dépourvu, et surtout j’avais l’impression d’être pris en flagrant délit entrain de faire quelque chose d’illégal, je n’arrivai pas à lui répondre à temps quand il me demanda :

– Ne vas-tu pas à l’école aujourd’hui, Lâm ?

J’entendis encore sa voix s’éteindre au loin quand il me dépassa rapidement sur sa bicyclette. Hésitant sur place pendant un moment, je regardai la silhouette de Liên-Hy et la bicyclette de M. Minh se perdre derrière le petit temple du village, puis soudainement je pensai à Tuân. Pourquoi n’allait-il pas à l’école avec sa sœur ? Serait-il tombé malade parce qu’il avait pataugé dans l’eau le jour précédent ? Un sentiment de culpabilité m’envahissait, et je courus d’un trait jusqu’à chez lui, pour essayer de comprendre pourquoi il n’était pas allé à l’école, et savoir s’il était vraiment malade.

Je me mis sous les bambous devant le portail de sa maison. Des rafales de vent faisaient tomber ce qui restait encore sur les feuilles des arbres après les dernières pluies. Je grelottais de froid mais essayai de rester et de patienter encore. Après avoir sifflé une chanson de Scout, Tuân apparut avec hésitation sur le seuil de la porte. Je sortis tout de suite de ma cachette, avançant ma main tenant la boîte à cigares. Voyant que c’était moi, il sortit tout de suite de la maison et courut vers moi. J’entendis en même temps la voix de Mme. Minh appelant Tuân de l’arrière de la maison, me faisant craindre que peut être je ne fusse pas venu au bon moment.

Tuân sembla aussi terrifié. Il m’attrapa par la main et me tira fort dans la maison. Je n’eus pas eu le temps pour protester, quand Mme Minh arriva sur le seuil de la porte. Tuân s’empressa d’expliquer la situation :
– J’ai voulu demander à Lâm de venir jouer avec moi.

Timidement, je suivis Tuân à l’intérieur. Les personnes adultes de la maison, voyant que je n’étais qu’un enfant sans importance, nous laissaient seuls, sans se préoccuper de nous.

Tuân me montra tous les coins et recoins de sa maison. J’étais rempli d’émerveillement devant tout. En réalité, il n’y avait rien de très spécial, mais comparé avec la simplicité et le manque total de décoration de ma maison, ce que j’ai vu chez lui était pour moi trop beau, trop « classe ». Pourtant, je n’étais pas étranger à l’extérieur de sa maison. Combien de fois j’avais assisté à des feux de camp sur sa cour en terre battue – J’étais à cette époque un louveteau et M. Minh était mon chef de troupe – Mais je n’avais jamais encore vu l’intérieur de sa maison. Quelque fois j’avais essayé d’imaginer comment ça pouvait être, mais mes imaginations et suppositions étaient toutes fausses et loin de la réalité.


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MessageSujet: Re: "Sans titre"   "Sans titre" EmptyLun 17 Déc - 7:26

Toute cette matinée je passai d’un émerveillement à un autre émerveillement. Tuân me montra son caisson de jouets. Il était rempli de beaux et de « vrais » jouets, des jouets fonctionnant avec des mécanismes compliqués et ils étaient tous joliment façonnés et peints. J’étais rempli d’admiration en pensant à mes jouets qui étaient tous inventés et fabriqués par moi même ... Je l’enviai , et enviai sa façon de vivre. Je fus pris par un désir d’avoir une relation plus proche avec lui, avec sa famille, sans comprendre vraiment pourquoi ce soudain désir.

Lorsqu’il en eut assez de ses jouets, Tuân m’amena dans sa chambre, qui était aussi la chambre de sa sœur. Voyant les livres et les fournitures scolaires sur la table et les étagères, j’aurais dit que c’était le studio d’un étudiant. Mais la chose qui attirait le plus mon attention dans la chambre était le portrait agrandi sur le mur. Le portrait en lui même n’avait rien de spécial, mais ce qui le rendait spécial pour moi, c’était le fait qu’il était le portrait de Liên-Hy. Tuân me montra ses livres d’images, babillant sans cesse à mes côtés, alors que j’étais tout d’un coup devenu pensif. Je ne savais pas pourquoi, car à l’âge de dix ans, je ne pouvais pas analyser correctement mon état d’âme.

Tuân me tira par la main vers le lit :

– Assieds toi ici, et regarde ces livres d’images.

Il me raconta les histoires de ses livres d’images comme son père les lui avait racontées, mais avec sa façon de narration en sautant du coq à l’âne, je ne comprenais rien. Je n’étais conscient que des émotions que je venais de sentir naître en moi. De temps en temps je me retournai sur moi même et me déplaçai petit à petit vers l’oreiller qui portait dans le coin les initiales L.H. brodées en fils bleus. Je ressentis un agréable courant chaud qui traversait tout mon corps.

L’horloge sur le mur sonna dix heures. Je ne voulais pas vraiment quitter ce lieu si attirant, mais d’une autre part je pensais que peut être il ne serait pas convenable de rester trop longtemps, je me levai et allai vers la porte, laissant la boîte à cigares sur le lit, là où j’étais, faisant semblant de l’avoir oubliée.

Je retournai à la maison dans le calme de l’univers qui m’entourait et les troubles effervescents de mes émotions, les émotions d’un garçon de l’école primaire.

Depuis ce jour là, je sentis que je voulais être plus proche de Tuân. Ce n’était pas difficile pour moi pour réaliser ce désir. Mais paradoxalement, plus j’étais proche de lui, plus j’avais des occasions pour jouer avec lui, plus je réalisais que cela n’était pas suffisant pour moi.

Chaque fois que je causais avec ma sœur, je cherchais à orienter la conversation vers des sujets concernant Liên-Hy, ou ayant trait à elle. Ma sœur avait deux ans de plus que moi, mais nous étions très proches l’un de l’autre. Je savais aussi que ma sœur était une amie de Liên-Hy, bien qu’elles eussent trois ans de différence d’âge. Souvent, Liên-Hy venait voir ma sœur pour lui demander de lui montrer des nouveaux points de tricot ou de broderie. Ainsi, après chaque visite de Liên-Hy, je m’attardais souvent auprès de ma sœur pour essayer de savoir quel était le but se sa visite, ce qu’elle avait dit, mais à chaque fois je n’apprenais rien d’autre que pour des nouveaux points de tricot ou de broderie etc.

Normalement pendant ces occasions j’aurais dû venir auprès de ma sœur et essayer de me mêler à leurs conversations, au contraire, je perdais toute ma spontanéité. Même si j’étais entrain de faire quelque chose vraiment d’important pour moi, je laissais tout pour courir me cacher derrière la maison. Je voulais qu’elle ne se sentît pas gênée, qu’elle pût rester plus longtemps avec ma sœur. J’avais peur que ma présence ne la gênât et ne la fît partir plus tôt. Quelque fois, je collais mon œil à scruter à travers une fente dans le mur en bambou tressé pour la regarder.

Un matin pendant les vacances de Noël, j’étais sur les marches devant la maison, entrain de jouer avec mon avion, fonctionnant avec une lanière de caoutchouc, un nouveau jouet de mes créations, quand Liên-Hy et Tuân se montrèrent au portail. Embarrassé, je ne savais pas que faire, mais heureusement devant les attitudes spontanées de Tuân j’arrivai à me ressaisir. Il se libéra de la main de sa sœur et se précipita vers moi. Je n’eus que le temps de me lever pour laisser Liên-Hy passer et entrer dans la maison où ma sœur l’accueillait. Cette fois ci, grâce à la présence de Tuân, je n’avais pas à me cacher derrière la maison.

Au contraire j’ai pu jouer librement avec Tuân dans la cour sachant qu’à travers la fenêtre de la chambre de ma sœur elle pouvait me regarder facilement, ou que je pouvais être vu facilement par elle.
Je fis une démonstration de mon avion, pour épater Tuân. En réalité je voulais faire impression sur Liên-Hy. J’imaginais qu’elle devrait assurément être frappée par mon intelligence et mon ingéniosité, mais je n’osais pas regarder à l’intérieur de la chambre pour voir si elle me regardait. Tuân me demanda de lui laisser faire voler l’avion. Je lui tendis le jouet après avoir remonté avec précaution la lanière élastique. Mais je ne savais pas ce qu’il avait fait, l’avion non seulement ne décolla pas, mais vola horizontalement et vint s’écraser sur le rebord de la fenêtre, abîmant les ailes et cassant la queue. Je me précipitai pour le ramasser, et profitai de l’occasion pour jeter un rapide coup d’œil à l’intérieur de la chambre. Liên-Hy était assise face à ma sœur, son dos tourné vers la fenêtre, elle parlait tranquillement à ma sœur comme si de rien n’était.

Ainsi notre rencontre se passa et se termina de la façon la plus simple du monde. J’appris qu’elle était venue demander à ma sœur de raccommoder un vieil tricot lui appartenant. Un pull-over en laine d’une couleur rouge délavé que je puis même maintenant encore visualiser dans mes pensées, où le fil a été cassé, et même le motif de tricot.

Après son départ, et profitant de l’absence de ma sœur – elle faisait la lessive dans la cour derrière la maison – je m’approchai discrètement du tricot, le soulevai délicatement et l’élevai jusqu’à mon visage. Un vague parfum difficile à décrire remplit mes poumons et une sensation enivrante envahit tout mon être. Je ne savais pas pourquoi j’étais si hardi, ne sachant plus ce que je faisais, comme un ivrogne, je le glissai sur ma tête, mais le vêtement était trop petit pour moi, et ma tête ne pouvait pas y passer. Je l’enlevai, mais quelque chose s’accrocha à travers mon visage. C’était un long cheveu. Sûrement c’était un cheveu de Liên-Hy qui s’y était accroché depuis longtemps. Avec précaution j’enlevai le cheveu et délicatement et avec vénération je le mis entre deux pages d’un de mes cahiers.

Des anecdotes de ce genre n’avaient rien de particulier, sinon qu’elles décrivirent l’évolution d’une jeune âme qui n’avait pas encore pris forme.

Des jours et des mois passèrent avec des émotions différentes suivant l’état d’âme d’un jeune enfant devant la nature, devant tout ce qui l’entourait et parfois même devant ses propres pensées et imaginations invraisemblables et enfantines.

Je commençais à changer mes loisirs. Pendant les journées sans école, au lieu de les passer, la journée entière, chez le charpentier ou chez le forgeron m’appliquant à fabriquer mes jouets, je les passais à lire. Les Livres Roses avec des contes de fées enrichissaient mes pensées et nourrissaient mes imaginations. J’étais hanté par l’image des châteaux en or et des tourelles de jade, des ruisseaux de longue vie... Et chaque fois quand je pensais aux héros de ces livres, je ne manquais jamais d’imaginer ou de rêver que j’étais un petit prince d’un de ces pays, et que Liên-Hy était une petite princesse d’un pays dans le voisinage, ou que j’étais un petit roi et qu’elle était la petite reine bien aimée de ce jeune roi.

L’évasion de mon âme et le développement de mes imaginations étaient en plein essor comme une étoile traversant le firmament dans sa course éternelle.

... Les jours passèrent… Le printemps s’en allait, et l’été arrivait… On voyait déjà des cerfs-volants flottant dans le ciel. Le parfum des bottes de riz séchant au soleil sur les cours en terre battue des fermiers embaumait l’atmosphère et ajoutait sa note exotique aux charmes de la campagne. Les jours de transition entre les deux saisons cette année semblaient un peu différents des autres années. Le printemps semblait partir un peu plus tôt, et ainsi l’été semblait arriver un peu précipitamment.

Un après midi … un après midi mettant fin au printemps et annonçant l’arrivée de l’été … Il faisait d’une chaleur de fournaise. Nous étions en train de jouer au foot sur une rizière qui venait d’être moissonnée. Le ciel à l’ouest était rouge et couvert de nuages noirs. J’avais l’impression qu’un lointain pays dans ce coin du globe était en feu. Pas un vent ne soufflait. Les cerfs-volants perdirent leur hauteur et tombèrent hésitants comme des oiseaux blessés. Les bambous devant la pagode étaient immobiles comme dans une peinture d’encre de Chine. Soudain un éclair explosa d’un coin de l’horizon, et des grondements se précipitèrent et se propagèrent jusqu’au tréfonds de mon âme. Un tourbillon de sable s’éleva obscurcissant tout autour de nous.

Nous arrêtâmes notre jeu au moment le plus crucial du match. Un pressentiment, une intuition, ou une force obscure inconnue de moi même m’incita à quitter le jeu. Je courus droit à la maison. Mon cœur battait en cadence désordonné et rapproché. J’étais très inquiet, je ne savais pas pourquoi. Je pressentis qu’il se passait quelque chose à la maison, quelque chose de très grave, mais quoi, je ne savais pas. Ou peut être mes parents étaient-ils entrain de se disputer ?

Arrivant au portail, j’aperçus la silhouette de Liên-Hy assise sur le lit de ma sœur, comme d’habitude. Et comme d’habitude je courus à l’arrière de la maison, et collai mon œil à la petite fente dans le mur de bambou tressé. J’avais très chaud pour avoir joué tout l’après-midi sous le soleil et couru un long chemin depuis la rizière jusqu’à la maison. Mais soudain, je sentis un courant de glace traverser tout le long de mon corps, et des sueurs froides ruisselèrent de ma tête aux pieds.

Ma sœur éleva sa voix pour demander à ma mère qui était dans la cuisine :
– Maman ! Avez vous rangé la tunique bleue en soie de Bombay que j’ai accrochée sur la patère ?

Ma mère sembla embarrassée, ne lui a pas répondu encore quand ma sœur se précipita dans la cuisine et chuchota rapidement quelque chose à son oreille. Puis ma sœur revint dans sa chambre. Elle était pâle. Elle s’adressa à Liên-Hy dans un ton que je sentis qu’elle voulait faire sonner normal.
– J’ai déjà fait le nœud, il ne reste plus qu’à le coudre sur la robe. Ce matin j’ai dû sortir, ma mère l’a rangée dans le coffre, par simple précaution. Tu peux attendre un petit peu, que mon père rentre, je prendrai la clé pour l’ouvrir ... Ou si ce n’est pas très urgent, je te l’apporterai demain chez toi ?

J’essayais fort d’imaginer et de comprendre ce qui se passait. La voix douce et anxieuse de Liên-Hy me parvenait :
– Demain je devrai participer à la parade « Van Tho » pour souhaiter la longue vie au roi. Comme il est encore assez tôt, puis-je rester et attendre que ton père rentre ?

Ma sœur acquiesça à contre cœur. Je sentis qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas bien. Puis ma sœur se leva comme si elle avait préparé ainsi, et prit la main de Liên-Hy :
– Viens avec moi, on va marcher jusqu’au marché, voir si on ne rencontre pas mon père ?

Et les deux sortirent de la maison. Ma mère se précipita dans la chambre, fouilla un moment puis m’appela. Elle me donna un petit paquet enveloppé dans le châle que j’ai souvent vu ma sœur porter pendant l’hiver. Puis elle me chuchota à l’oreille :
– Apporte ceci à ‘tante’ Hanh, et dis lui gentiment de bien vouloir le garder comme gage à la place du paquet que je lui ai donné hier.
Je lui obéis.

Mme. Hanh, une prêteuse sur gage du village, me demanda avec l’air habituel d’une riche dame très affairée:
– Est-ce la tunique bleue en soie de Bombay ? Pourquoi tout ce tracas !

Interdit, je ne sus quoi lui répondre quand elle avait déjà ouvert mon paquet pour vérifier. Je vis une tunique en gabardine noire et un pantalon en coton blanc. C’était les seuls vêtements que je portais tous les jours pour aller à l’école, et que j’allais les porter demain pour participer à la parade « Van Tho » et recevoir gâteaux et bonbons comme les années avant. Des larmes ruisselèrent sur mon visage sans que je puisse les retenir.

Mme Hanh accepta le changement, elle fouilla dans son armoire et me donna un paquet enveloppé dans un vieux papier de journal. Je pris le paquet sans mot dire et sortis de chez elle. A travers les déchirures du papier de journal, la texture de la soie de Bombay bleue m’obscurcit la vue. Je tremblai de tout mon corps. Mes jambes étaient soudainement devenues lourdes comme si elles étaient faites de plomb, si lourdes que je me demandais si j’arriverais à les traîner jusqu’à la maison. Des idées et sentiments désordonnés m’envahirent l’esprit. Je me sentis anéanti.

Tout d’un coup un tonnerre éclata déchirant le ciel, puis des grondements succédèrent et des gouttes de pluie commencèrent à tomber. Je tressaillis et courus d’un trait jusqu’à la maison. Je donnai le paquet à ma mère et allai me cacher derrière la maison. Je restais là à pleurer silencieusement, dans le noir, toute la soirée.

Le lendemain, sans bouger de mon lit, comme une personne malade, je restais immobile à écouter les ovations psalmodiées par des vagues et des vagues d’élèves de mon école et d’autres écoles, que le vent me ramena depuis la digue à travers le clair soleil du matin :

‘Vive le Roi’ … ‘Vive le Viet-Nam’ …!

Je pleurais silencieusement, me demandant :
‘Parmi ceux qui écoutaient ces ovations psalmodiées, y-avait-il quelqu'un qui a discerné qu'il manquait ma voix !’

Un sentiment de détresse envahit tout mon être :

‘Adieu … enfance et illusions !’



FIN


Dernière édition par Fifi le Ven 9 Mai - 3:27, édité 3 fois
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kalia
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MessageSujet: Re: "Sans titre"   "Sans titre" EmptyLun 17 Déc - 19:25

je sais que j'ai pas vraiment le ''droit'' de poster ici , mais tu devrais fa ire un topic commentaire ^^
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Fifi
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MessageSujet: Re: "Sans titre"   "Sans titre" EmptyLun 17 Déc - 21:07

Postez vos commentaires dans les commentaires: Arrow http://hp7-leforum.heavenforum.org/commentaires-f26/commentaires-sans-titre-par-fifi-t1427.htm#63503
Merci.
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