Harry s’éveilla difficilement. La lumière du jour reflétée par les murs blancs l’incommodait.
-Où suis-je ? dit-il d’une voix pâteuse.
-Harry ! tu es réveillé ! s’exclama la voix d’Hermione à sa droite.
Elle se jeta sur lui à moitié en pleurs.
-Hermione, dit il faiblement. Tu m’étouffes.
-Oh ! oui, dit elle en se relevant maladroitement. Pardon.
-Où suis-je ? demanda à nouveau Harry.
-A Ste Mangouste. Nous t’y avons transporté après ton combat contre Voldemort, il y a 4 jours.
-Voldemort ? Est-ce que… Je l’ai…
-Oui Harry, tu l’as tué. C’est fini. Tu ne t’en souviens pas ?
Harry réfléchit, cherchant dans sa mémoire le moindre souvenir de ce qui s’était passé.
-Non, dit il enfin. Je ne me souviens de rien… Où est Ron ?
Les larmes d’Hermione se chargèrent de répondre à sa question.
-Je suis désolé, lui dit il en la serrant contre lui.
Après quelques sanglots, elle se releva et jeta vers lui un regard meurtri.
-Harry, dit elle… Ginny… Ginny a été tuée aussi, par Greyback, il y a 5 jours.
Harry déglutit avec difficulté, comme si soudain il avait avalé un oursin sans enlever les épines.
-Ginny, murmura-t-il d’une voix rauque. Et Lily ?
-Ta fille va bien, elle était chez Molly ce jour là.
-Et toi ? dit il soudain.
-Mon bébé se porte bien aussi. Le combat n’a pas eu d’influence sur le fœtus.
-Qu’allons nous devenir Hermione ? demanda Harry. Ce n’est pas ainsi que j’imaginais nos vies une fois Voldemort anéanti.
-Je sais, murmura Hermione en lui serrant la main. Moi non plus.
Ils restèrent silencieux, plongés dans leurs regrets respectifs tandis que le soleil disparaissait à l’horizon, en même temps que leurs rêves.
Le lendemain, Harry reçut la visite de Gawain Robards, le directeur du bureau des Aurors.
-Bonjour Harry, lui dit celui-ci.
-Bonjour Monsieur, répondit Harry un peu surpris.
-Je suppose que tu sais qui je suis.
-Oui.
-Et pourquoi je suis ici.
-Euh…
Harry n’en savait à vrai dire absolument rien.
-Je viens te proposer un poste d’Auror au ministère.
-Quoi ? s’exclama Harry. Sérieusement ?
-Oui, sérieusement, dit il avec un sourire. Je te laisse réfléchir et si tu es d’accord, rejoins nous dès que tu seras autorisé à sortir. Ca marche ? dit il en lui tendant la main.
-D’accord, répondit Harry en lui serrant la main, toujours sous le coup de la surprise.
-Harry tu n’y penses pas, s’exclama Hermione quand il lui eut rapporté le motif de la visite de Robards. Que deviendrait Lily s’il t’arrivait quelque chose ?
Harry du avouer qu’il n’avait absolument pas pensé à cet aspect là de sa vie.
-D’ailleurs, Molly va passer cet après midi et je suis certaine qu’elle te dira la même chose.
-Et à ton avis, qu’est ce que je pourrais faire d’autre ? lui demanda-t-il en essayant de se lever.
-Mais plein de choses ! répondit elle comme si c’était une évidence, en l’aidant à se mettre debout. Tu pourrais devenir un grand joueur de Quidditch. Viktor m’a dit qu’ils seraient très intéressés d’avoir quelqu’un comme toi dans leur équipe.
-Krum ? interrogea Harry en songeant douloureusement que c’était le rêve le plus cher de Ron.
-Oui, et tu pourrais aussi devenir professeur de défense contre les forces du mal, si tu voulais. Mac Gonagall cherche quelqu’un pour la rentrée.
-Mais je suis encore trop jeune pour enseigner !
-A 21ans, tu as le grand avantage d’avoir beaucoup d’expérience, Harry. Tu as la mort de Voldemort sur ton CV, ce n’est pas rien. Et puis pourquoi serais-tu trop jeune pour ce poste et pas pour celui d’Auror ?
Harry admit qu’Hermione avait encore marqué un point.
Quelques heures plus tard, Mrs Weasley arriva avec sa petite fille de tout juste 3 mois dans les bras. Elle était aussi rousse que Ginny mais avait hérité des yeux verts de son père. Harry serra sa fille dans ses bras, une douleur fulgurante serrant sa poitrine en pensant qu’elle n’avait plus que lui.
Molly lui fit bien évidemment la leçon concernant les dangers du métier d’Auror et sa responsabilité envers sa fille. Puis elle se lamenta sur sa maigreur et critiqua pendant plus d’une heure les chiches repas de la clinique. Au bout du compte, quand la petite Lily finit par s’endormir dans les bras de son père, Mrs Weasley décréta qu’il était temps de rentrer et qu’Harry aurait sûrement la permission de sortir le lendemain, et qu’il était bien évidemment le bienvenu au Terrier où Hermione s’était déjà installée.
Effectivement, le lendemain, on lui annonça qu’il était remis et qu’il pouvait sans danger, pour lui-même et pour les autres, rentrer chez lui.
Mr et Mrs Weasley l’attendaient en compagnie d’Hermione qui portait Lily. Comme à chaque fois qu’il la voyait, Harry eut un pincement au cœur en songeant à Ginny. Serait-il jamais heureux sans elle ? Il s’attarda un instant sur le visage d’Hermione et y vit la même tristesse, la même fatigue aussi. Pourtant, chaque personne qu’ils croisaient tenait absolument à leur serrer la main et à les remercier d’avoir vaincu Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer le Nom. Ils étaient plus populaires que jamais et les offres de travail pleuvaient. Ils avaient tout pour être heureux mais il leur manquait l’essentiel.
En arrivant au Terrier, une grande fête les attendait. Les jumeaux étaient en train de réparer une vitre qu’ils avaient brisée en faisant leur habituel combat de tables. Plusieurs gnomes avaient été stupéfixiés et vêtus de kilt et dessinaient une allée jusqu’à l’entrée de la maison. Harry sourit à cette vue, se rappelant celui qui avait décoré le sapin, déguisé en ange, quelques années plus tôt.
Lupin, Tonks, Bill, Fleur, Neville et Luna étaient là aussi. Malgré les blagues incessantes des jumeaux, le cœur n’était pas vraiment à la fête et, en fin de soirée, ils parlaient de la perte de Ron et Ginny et de ce qui allait leur manquer. Lupin voulu savoir comment Harry avait vaincu Voldemort mais toujours aucun souvenir de ce jour là ne lui était revenu.
Quand Lily eu pris son biberon de la nuit, Harry se leva pour aller se coucher, aussitôt suivi par Hermione.
-Harry, lui dit elle dans l’escalier.
-Oui ?
-J’ai peur de ne pas y arriver, dit elle la voix tremblante. Je n‘arriverai pas à élever cet enfant sans Ron, c’est trop dur.
Elle se cacha le visage dans les mains et commença à sangloter. Harry la prit dans ses bras et tenta tant bien que mal de la rassurer ; une fois que ses larmes furent calmées, il releva son visage et lui dit :
-Je suis sûr que tu t’en sortiras très bien. Tu n’es pas seule, je suis là et puis tu es intelligente et jolie qui plus est. Tu y arriveras.
Hermione lui sourit et le remercia. Ils se dirent bonsoir et regagnèrent leurs chambres respectives.